15. LES DAUPHINS

Le peuple des hommes-dauphins s’assimilait progressivement au peuple scarabée. Cependant son intégration ne s’effectuait pas sans à-coups. On chuchotait qu’ils détenaient des connaissances cachées qu’ils ne voulaient pas révéler aux autres. Ou bien qu’ils possédaient des trésors qu’ils ne voulaient pas partager. Pour tous ils représentaient un mystère qui inspirait la méfiance.

Les hommes-dauphins respectaient pourtant scrupuleusement toutes les coutumes de leurs hôtes et s’échinaient à perfectionner les sciences dans l’intérêt général.

Ils popularisèrent l’écriture et aussi ses outils, la plume et l’écritoire, en se servant de fleurs séchées puis de fibres de papyrus entrelacées. Après les écoles, ils fondèrent des universités spécialisées qui formèrent une classe d’intellectuels : scientifiques, ingénieurs, médecins.

La religion issue de l’influence dauphin et offerte aux scarabées s’était affinée avec un séminaire de prêtres qui vénéraient le dieu unique, le Soleil, tout en s’initiant à la connaissance ésotérique du savoir ancien du peuple dauphin.

Cependant, pour contrebalancer leur influence, il se créa un autre collège de prêtres qui, eux, au nom de la « tradition d’avant la contamination de la sorcellerie étrangère », s’adonnaient au culte du Grand Scarabée et de son panthéon de divinités à têtes d’animaux. Si bien qu’au nord, le monothéisme du Soleil se répandait alors qu’au sud, le panthéisme s’érigeait en loi.

Alors que le Nord était en plein essor économique et scientifique avec la création de nouvelles cités et de ports de pêche de plus en plus modernisés, le Sud s’enfonçait dans un mode de vie plus fruste, essentiellement rural. Au nord, des mœurs raffinées apparaissaient au fur et à mesure qu’augmentaient le niveau et la qualité de vie. Au sud, les populations s’épuisaient aux durs travaux des champs. Pour compenser la forte mortalité infantile et disposer de bras pour les semailles et les récoltes, les sudistes engendraient une abondante progéniture.

Grâce à une médecine plus évoluée, les nordistes, eux, ne déploraient que peu de décès d’enfants en bas âge. Selon la coutume dauphin « On ne fait que les enfants qu’on peut aimer », ils limitaient leurs naissances plutôt que de laisser proliférer des bandes de gamins à l’abandon.

Le temps jouait pourtant en faveur du Sud car, à chaque génération, la population, sous l’influence des prêtres panthéistes, s’accroissait en même temps que son clergé devenait de plus en plus vindicatif. Ils stigmatisaient les rois du Nord prétendument sous la coupe des étrangers parasites. Ils prêchaient contre les progrès dauphins, considérant qu’il ne s’agissait que de cadeaux empoisonnés. Ils exigèrent du roi qu’il revienne aux sources et se reconvertisse à la religion panthéiste, la seule vraie.

Les prêtres finirent par fomenter un complot qui aboutit à l’assassinat du fils aîné du roi. Puis ils intriguèrent auprès des généraux en leur promettant de leur livrer les richesses des hommes-dauphins. Les militaires se firent un peu prier, mais finirent par céder à l’attrait du gain.

Un putsch militaire éclair aboutit à l’arrestation du roi et à son « suicide » dans sa geôle. Son épouse eut beau le renier pour tenter de sauver sa vie et celle de leur second enfant, elle fut à son tour exécutée.

Les prêtres scarabées placèrent sur le trône un jeune prince sudiste issu d’une branche royale lointaine, qui décida de fermer les universités et les écoles pour les transformer en séminaires religieux du culte scarabée. Les étudiants manifestèrent dans les rues, mais leur rébellion fut aussitôt matée dans le sang.

Le jeune roi profita de ces échauffourées pour arrêter élèves dauphins et professeurs, ces derniers étant accusés de les avoir incités à l’émeute. Tous furent jetés dans les premières prisons politiques. Puis il prononça un discours officiel qui rejetait la responsabilité de ces massacres sur la mauvaise influence des dauphins. « Tout est leur faute », disait-il en substance, mais cela ne suffit guère à convaincre la population qui avait encore en souvenir certains apports dauphins.

Toujours sous l’impulsion des prêtres, le roi réunit alors un petit collège de lettrés acquis à sa cause pour leur demander de trouver une manière de légitimer l’éviction des dauphins. Après longue réflexion, ceux-ci rédigèrent un texte, qu’ils attribuèrent aux hommes-dauphins, et qui préconisait la destruction de la société scarabée.

L’ouvrage connut un énorme succès qui se répercuta bien au-delà de ce qu’avaient prévu ses instigateurs. C’était comme si la population tout entière n’avait attendu que ce prétexte pour lever ses ultimes scrupules ou gommer ses derniers bons souvenirs de la culture dauphin. Pour tous, les intentions hostiles, le complot du peuple dauphin devinrent évidents. Les actes racistes se multiplièrent, bénéficiant souvent du laxisme, voire du soutien direct de la police.

En même temps que reculait l’influence des dauphins et des universités laïques, la liberté de pensée et le droit à l’instruction furent rognés, au nom de l’assainissement des esprits. La religion panthéiste fut érigée en science et en tint lieu. Les livres dauphins des bibliothèques furent brûlés en place publique. Après quoi le roi décida que la présence trop voyante des hommes-dauphins générait des troubles. Pour y remédier il fit boucler leur quartier et y instaura un couvre-feu. Ce qui permit aux fanatiques scarabées d’agir encore plus facilement.

Les conditions de vie des dauphins ne cessèrent de se dégrader, on leur interdisait tous les métiers puis, comme ils mouraient de faim, on finit par organiser « pour leur bien » des camps de travail où ils étaient à peine payés. D’abord, on les cantonna dans les travaux les plus pénibles mais, bien vite, le nouveau roi eut l’idée d’utiliser cette main-d’œuvre quasi gratuite pour édifier à sa gloire un monument colossal. Tous les Intellectuels, contestataires ou politiciens soupçonnés d’opposition furent du nombre. Les gardes des camps de travail étaient choisis parmi les éléments les plus brutaux de la population scarabée, souvent d’anciens criminels.

Sur les chantiers, les conditions étaient effroyables, les travailleurs peu nourris, totalement privés de soins.

Le peuple des hommes-dauphins dépérissait à vue d’œil, lorsqu’un jour, la foudre s’abattit sur un mur du camp de travail et le creva. Pétrifiés, ils n’osèrent s’enfuir, comme s’ils redoutaient de transgresser l’Ordre. Un prêtre du culte du Soleil, un homme qui n’était pas d’origine dauphin mais qui avait été éduqué dans ces valeurs, décida alors d’agir. Profitant de la confusion due à l’orage, il convainquit quelques courageux de s’échapper.

« De toute façon, au point où nous en sommes, nous n’avons plus rien à perdre », rappela-t-il.

Tapis dans les recoins abandonnés de leur ancien quartier dont ils connaissaient les moindres ruelles, les évadés, sous l’égide du prêtre du culte du Soleil, commencèrent à œuvrer à un plan d’évasion pour tous les prisonniers politiques. Le soir tombé, ils entreprirent de creuser des tunnels sous le mur d’enceinte des camps et des chantiers. Ainsi purent-ils agir de l’intérieur et de l’extérieur des camps. Et au jour dit, dans la tiédeur d’une nuit d’été, les hommes-dauphins s’enfuirent par les souterrains. Suivant les indications du prêtre rebelle, ils s’éparpillèrent en petits groupes pour se rejoindre au seuil du grand désert, considéré jusqu’alors comme infranchissable à pied d’homme.

Le prêtre du Soleil les rassembla pour une harangue. De l’autre côté de ce désert, affirma-t-il, ils retrouveraient le pays d’où tous les hommes-dauphins de par la Terre étaient originaires, et là, ils reconstruiraient leur État indépendant sans avoir besoin d’être acceptés par d’autres peuples.

La foule n’était pas convaincue, mais tous le savaient : ils n’avaient plus le choix. Les hommes-dauphins se mirent en marche. Ils crurent d’abord n’être que des centaines, puis des milliers, mais au fur et à mesure que d’autres évadés affluaient, ils constatèrent qu’ils étaient en fait des dizaines, puis des centaines de milliers, à avancer dans le sable et la pierraille chauds. Des hommes-dauphins, mais aussi des prisonniers politiques, des anciens universitaires, et même des intellectuels de l’ancien régime qui n’avaient pas été arrêtés mais ne supportaient plus le nouveau gouvernement.

Comme le prêtre du culte solaire guidait désormais un véritable troupeau humain, ils le baptisèrent « le Berger ».

Les hommes-scarabées voulurent tout d’abord leur donner la chasse et les massacrer, mais la peur de se perdre dans une immensité inconnue et aride les fit reculer.

Le roi ordonna d’abandonner la poursuite. Il pensait que la faim, la soif et les chacals extermineraient aussi sûrement les fugitifs que des lances et des flèches. De l’idée de tous, c’était un pur suicide collectif.

Ainsi les hommes-dauphins, guidés par leur Berger, s’enfoncèrent-ils dans le désert. Le jour, le soleil les brûlait, la nuit ils grelottaient de froid. Ne disposant d’aucun point de repère, ils ne comprenaient pas pourquoi leur guide choisissait une direction plutôt qu’une autre. Certains avaient même l’impression de tourner en rond tant le paysage était monotone. Grâce à sa connaissance parfaite de la cartographie céleste, le Berger savait, lui, qu’il les menait toujours sans dévier vers le nord. La nuit, disait-il, des rêves lui venaient qui lui indiquaient le chemin à suivre.

Cependant, les dauphins étaient épuisés, affamés. En chemin, des chamailleries naissaient au moindre prétexte. Les marcheurs faillirent à plusieurs reprises périr de soif ou de leurs querelles intempestives. Pourtant, chaque fois que la situation devenait critique, l’orage grondait et une pluie bienfaisante les sauvait de la déshydratation et de leur colère.

Mais certains hommes-dauphins, éreintés, se mirent à maudire ce grand prêtre, qui les avait entraînés dans un périple pire selon eux que les supplices du camp de travail.

« Si certains souhaitent faire demi-tour pour se prosterner devant le roi scarabée et implorer son pardon, libre à eux », déclara le Berger.

Un beau parleur le prit au mot et ils furent un bon millier à le suivre. La moitié d’entre eux s’égarèrent dans une zone de sables mouvants. Les autres parvinrent exténués en pays scarabée où ils furent aussitôt exécutés en place publique.

Pendant ce temps, la grande masse des hommes-dauphins et de leurs alliés avançait toujours plus loin dans le désert.

Dans la longue procession, le calme n’était toujours pas revenu et l’on dut déjouer plusieurs fois des tentatives d’assassinat visant le Berger en personne. Cependant ils poursuivaient leur chemin, troupeau têtu, pareils à ces saumons qui remontent péniblement le fleuve pour retrouver le lieu d’où ils étaient jadis partis. Et sans cesse, alors qu’ils étaient sur le point de mourir de soif, ils trouvaient une oasis. Ou bien il se mettait à pleuvoir. Tous s’étaient habitués à ces miracles devenus routine.

Comme anesthésiés par les douleurs quotidiennes, ils ne survivaient qu’en s’accrochant aux paroles du Berger et aux rêves qu’il prétendait recevoir. Ils s’étaient adaptés aux conditions du désert. Pour économiser l’humidité de leur corps, ils parlaient peu, ne pleuraient jamais. Le désert leur apprit la concision et l’efficacité. Ils mirent au point un système de bivouac en creusant en quelques heures des abris dans le sable. Leur religion, issue de la mer, s’adapta au désert. Le Berger prônait le jeûne, la méditation, le détachement par rapport à l’agitation du monde. Et certains prirent goût à cet ascétisme nouveau.

Le Berger disait : « C’est quand on ne désire plus quelque chose que cette chose peut vous être offerte. » C’est la règle de Renoncement.

Le Berger disait : « Pour comprendre l’autre il faut se mettre à sa place. » C’est la règle d’Empathie. Et il étendait cette règle aux animaux et aux végétaux, affirmant que lorsqu’un animal se laissait chasser c’est qu’il avait été compris et, se sentant compris, acceptait d’être tué pour nourrir le chasseur.

Le Berger disait : « Quand vous faites quelque chose, pensez à la répercussion dans le temps et dans l’espace. Aucun acte n’est sans effet. Quand vous dites du mal de quelqu’un vous transformez ce quelqu’un. Quand vous répandez une peur ou un mensonge vous créez cette peur et vous transformez ce mensonge en réalité. » C’est la règle de Causalité.

Le Berger disait : « Vous avez tous une mission à accomplir dans le monde, et vous avez tous un talent pour accomplir au mieux cette mission. Trouvez-les et votre vie se mettra à prendre un sens. Une vie sans talent n’existe pas. Une vie sans utiliser son talent est une vie gaspillée. »

Le Berger disait : « Nul n’est obligé de réussir mais tout le monde doit essayer. Il ne faut pas en vouloir à toi même d’échouer, il faut s’en vouloir seulement de ne pas avoir essayé. »

Le Berger disait : « Il faut célébrer la prise de risque et non pas la victoire. Car la prise de risque dépend de nous, et la victoire dépend d’une multitude de facteurs difficiles à contrôler. »

Le Berger disait : « Il y a un monde invisible au-delà du monde visible, où l’on a accès à toutes les connaissances et à toutes les illuminations. On peut le visiter juste en faisant taire le vacarme des petites pennées dérisoires qui assourdissent en permanence notre cerveau. »

Un matin, alors qu’ils s’étaient tous résignés à errer indéfiniment dans le désert, un éclaireur rapporta qu’il y avait de l’autre côté d’une colline une plaine fertile et giboyeuse cernée par des rivières. L’information était si incongrue que nul ne réagit.

Pourtant, la ligne de crête franchie, ils durent se rendre à l’évidence : le spectacle ressemblait à un mirage : une vallée verte partagée par des cours d’eau. La terre natale des hommes-dauphins était à nouveau face à eux, et tous le ressentirent dans leur chair, comme si leurs cellules reconnaissaient cet air, ce pollen, cette herbe… qui jadis avaient été en contact avec leurs lointains ancêtres. Ils avaient réussi.

Des hommes-dauphins « archaïques » qui s’étaient maintenus vaille que vaille sur leur territoire vinrent à leur rencontre.

— Jamais les hommes-dauphins n’ont abandonné tout à fait cette terre et jamais ils ne l’abandonneront, s’écria l’un d’eux en les menant vers un pauvre village à moitié en ruine.

Ils racontèrent alors qu’ils étaient issus de la première génération d’hommes-dauphins, descendants des rescapés de la grande invasion des hommes-rats. Cachés durant l’attaque, oubliés par les navires dans le désordre de l’embarquement sur la mer salvatrice, ils s’étaient terrés, ils étaient restés. Ensuite ils avaient survécu tant bien que mal. Puis les hommes-rats s’en étaient allés à la conquête d’autres territoires, et ils avaient intégré les ruines et s’étaient efforcés de continuer à vivre dans le souvenir de leurs anciennes traditions.

Une grande fête fut organisée pour célébrer les retrouvailles. Ils décidèrent qu’ensemble, hommes-dauphins de toujours et hommes-dauphins de retour d’exil, ils rebâtiraient une nation. Ils entreprirent de construire une grande capitale cernée de hautes murailles et, à l’intérieur, ils vénérèrent non pas le soleil mais la Lumière.

Le Berger fut le premier chef de cette nouvelle nation, mais il dit qu’il en avait assez des rois et du pouvoir centralisé et il proposa de créer un gouvernement composé d’une assemblée de douze sages correspondant aux douze grandes familles des hommes-dauphins.

Le Berger dit avoir vu en rêve qu’il fallait établir des lois afin que leur peuple ne retourne plus jamais à ses pulsions primaires.

Il établit quatorze lois.

Les trois premières avaient un rapport avec la nourriture :

- Pas de cannibalisme.

- Ne pas manger d’animal qui souffre. Et notamment de la nourriture vivante sur pied.

« Manger un animal qui a souffert, c’est récupérer sa souffrance », disait le Berger.

- Pas de contact entre aliments et excréments. Ce fut l’une des premières lois d’hygiène alimentaire. Parfois les paysans, utilisant excessivement les excréments d’animaux ou d’humains comme engrais, causaient des épidémies.

Ensuite venaient les cinq lois sur la sexualité :

- Pas d’inceste.

- Pas de viol.

- Pas de pédophilie.

- Pas de zoophilie.

- Pas de nécrophilie.

Cela semblait à tous évident mais le Berger estima que ce qui allait de soi valait d’être rappelé.

Ensuite venaient les quatre lois sur la violence :

- Pas de meurtre.

- Pas d’agression entraînant des blessures.

- Pas de vol.

- Pas de destruction d’objets appartenant à autrui.

Puis venaient les lois sur les rapports sociaux. Ayant été eux-mêmes esclaves, les hommes-dauphins établirent comme premières lois :

- Pas d’obligation de travailler sans rémunération.

- Pas de travail sans temps de repos.

Ayant achevé de rédiger ces lois, le Berger mourut inopinément en avalant de travers une arête de poisson. Son agonie dura deux heures, deux heures à se racler la gorge, à s’enfoncer les doigts au fond de la bouche, à se rouler par terre. On essaya de le faire boire, de lui faire avaler des morceaux de mie de pain, rien n’y fit. Comme il s’asphyxiait, certains proposèrent d’inciser la pomme d’Adam mais, après un vote rapide de trois voix contre deux et une abstention, personne n’osa intervenir et il décéda.

L’étouffement par ingestion d’arête de poisson ayant quelque chose de trivial par rapport à l’ampleur de la tâche accomplie par le Berger, les biographes décidèrent rapidement d’officialiser une version plus « historique » : le Berger serait mort en extase et l’on aurait vu une colombe venir chercher son âme pour la conduire vers le Soleil.

On enterra sa dépouille comme il l’avait demandé, sous une fourmilière. Sans cercueil, afin que, selon sa demande, « sa chair issue de la terre puisse à nouveau fertiliser cette terre qui l’avait nourri ».

L’application des lois fut délicate à mettre en pratique. Pour réduire la souffrance des animaux servant d’aliments, les prêtres de la religion dauphin demandèrent aux médecins d’étudier un moyen de tuer sans douleur, et ceux-ci leur indiquèrent une zone précise dans la carotide qui, une fois tranchée, entraînait un assoupissement progressif et mortel.

L’assemblée des douze sages hommes-dauphins qui établit les règles du nouvel État dauphin obéissant à la loi de repos décréta qu’un quart des champs resteraient chaque année en jachère afin que ces terrains récupèrent leurs oligo-éléments, tandis que les trois autres quarts apporteraient leurs récoltes. Quant aux femmes et aux hommes, ils œuvreraient six jours par semaine et se reposeraient le septième.

Ils érigèrent un temple cubique, car ils avaient décidé d’abandonner la forme pyramidale à leurs persécuteurs scarabées. Et en souvenir de leur séjour en esclavage et de leur rédemption dans le désert, ils rédigèrent un grand livre d’histoire et décidèrent, au cas où à nouveau les livres seraient brûlés, d’instaurer une fête au cours de laquelle les parents raconteraient à leurs enfants ce qui s’était passé. La tradition orale s’enracinerait ainsi parallèlement à la transmission écrite.

Il y eut de nouveau des bibliothèques où classer les livres et les cartes qu’ils considéraient comme leur plus précieux trésor.

Leur capitale implantée, ils construisirent des routes, et transformèrent des villages en villes, des hameaux en villages.

Le temps passant, les anciens esclaves du pays des scarabées vieillissaient et leurs enfants avaient bâti un royaume solide. Revenant aux sources de la culture des hommes-dauphins, ils renouèrent avec le commerce en construisant des ports d’où partirent des bateaux qui, longeant la côte, échangeaient des objets artisanaux contre des matières premières ou des technologies nouvelles. Ce cabotage avait pour objectif d’instaurer des relations pacifiques avec les voisins autochtones, de créer des comptoirs commerciaux, de compléter les cartes.

Les hommes-dauphins ne tenaient nullement à convertir les étrangers à leur culte. Ils considéraient que chaque peuple possédait son propre dieu. Aussi, s’ils répandaient les rudiments de leur langue et de leur culture, évoquaient-ils rarement leur religion.

Étonnamment, ce refus de prosélytisme, après un premier impact positif, suscita la défiance des voisins. Surtout ceux du nord et de l’est. Loin de penser que les hommes-dauphins respectaient leur culture d’origine, ils les soupçonnaient de vouloir garder pour eux seuls des secrets. Le scénario du pays des scarabées se reproduisait dans une version à peine différente.

Des comptoirs et des bateaux de commerce dauphins furent attaqués par des bandes de voyous. Au début, personne n’y accorda d’importance. Mais bientôt de véritables armées attaquèrent par surprise les villages frontaliers.

À nouveau revint l’obligation de lever une armée. Comme l’avait préconisé le Berger, l’assemblée des douze opta pour une armée de citoyens-soldats, chacun exerçant son métier en temps de paix et reprenant les armes en cas de menace. Toute la population participerait ainsi à la défense des cités dauphins. Paysans, pêcheurs, artisans et scribes s’avérèrent plutôt des soldats maladroits mais, à force d’exercice, leur efficacité fut bientôt renommée à la ronde. Les armées des pays voisins ne comptaient en effet dans leurs troupes que des brutes aux tactiques prévisibles. Les hommes-dauphins se spécialisèrent notamment dans l’art d’attaquer de nuit les troupes adverses dans leur campement pour incendier les tentes et faire fuir les chevaux. Ce qui suffisait en général à calmer les ardeurs des envahisseurs. Cependant les attaques frontalières ne cessaient pas pour autant.

Et même s’ils avaient souvent l’avantage, les hommes-dauphins comptaient de plus en plus de pertes. Comme si les étrangers s’adaptaient à leur tactique et trouvaient des parades. Plusieurs commandos de nuit furent ainsi interceptés et massacrés.

Cette insécurité nuisait à la prospérité du pays, toutes les activités cessant à la moindre attaque pour réunir au plus vite une armée. Le système d’assemblée se révéla lourd, pesant en période de crise. Les votes pour ou contre les actions militaires ne pouvaient souffrir de ballottage entre les douze sages de l’assemblée. Ces derniers décidèrent donc de renoncer à leurs prérogatives. Ils se prononcèrent pour la désignation d’un roi unique qui, à l’instar de celui des hommes-scarabées, centraliserait tous les pouvoirs exécutifs tandis qu’eux poseraient le cadre législatif. Les douze choisirent le général qui avait montré la plus grande habileté à combattre. Celui-ci leva aussitôt des impôts qui permirent de mettre sur pied une armée de métier. Le système de conscription fut abandonné.

Avec cette nouvelle armée, le peuple des hommes-dauphins connut une période de relative tranquillité.

Nombre de citoyens refusant cependant le pouvoir centralisé, des révoltes éclatèrent contre des taxes jugées iniques. On vit des hommes-dauphins combattre d’autres hommes-dauphins. Ce fut la première guerre civile en territoire dauphin.

L’insoumission à la base même de leur force était à présent cause de leur fragilité. Le roi prononça en place publique un discours où il déplora : « Lorsque nous n’avons plus d’ennemi face à nous, nous devenons nos propres ennemis. Quand aurons-nous la sagesse d’accepter de vivre entre nous sans dissension ? »

Ce fut alors que, en provenance du nord, surgit une immense armée d’hommes-rats détruisant tout sur son passage. Dans les ports voisins, on parlait beaucoup de ces soldats, de ces enfants qui avançaient en poussant devant eux un peuple de fantômes. Et dans leurs bibliothèques, les livres des hommes-dauphins rappelaient la grande invasion d’antan.

Les hommes-dauphins résistèrent de leur mieux aux hommes-rats mais leur armée était trop pauvre en effectifs, leur monarchie trop jeune pour contrer de vastes troupes expérimentées et d’une violence inhabituelle. Après avoir résisté à deux assauts, ils furent laminés au troisième. Les hommes-rats déferlèrent à nouveau sur le royaume des hommes-dauphins. Le temple fut détruit, les bibliothèques incendiées.

Mais les hommes-rats savaient désormais qu’il n’y avait rien à gagner à massacrer tout le monde, le plus efficace était encore de contraindre les peuples vaincus à travailler pour eux. En conséquence, ils nommèrent roi un homme-dauphin entièrement dévoué à leur cause et infligèrent un impôt exorbitant à l’ensemble de la population. Pour avoir le droit de vivre, les vaincus les fourniraient en métaux, en nourriture et en technologie de pointe. Les plus belles femmes et les plus grands savants dauphins furent emmenés en captivité dans la capitale des hommes-rats. Un petit groupe d’hommes-dauphins avec les douze sages de l’assemblée sans le roi mort au combat parvint pourtant à s’enfuir par la mer.

Ils cabotèrent vers le sud et revinrent au pays des hommes-scarabées.

Là, discrètement, ils rejoignirent le palais du roi. Ils lui rappelèrent comment jadis ils avaient favorisé le développement de sa société. Ils étaient conscients de ne pouvoir agir au grand jour mais se proposèrent de l’aider dans l’ombre. Pour preuve de leur bonne volonté, ils lui révélèrent une sagesse au-delà de l’enseignement du culte dauphin, le culte originel des fourmis. Ils lui expliquèrent comment les pyramides étaient des copies de fourmilières dont le premier tiers faisait office de loge réceptrice d’ondes cosmiques.

Le roi scarabée connaissait la rancune séculaire de son peuple envers les hommes-dauphins, cependant il fut touché par leur discours et décida de les héberger en toute discrétion.

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